- pèze
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• 1813; p.-ê. de l'occitan pese « pois », du lat. pisum♦ Arg. Argent. ⇒ blé, fric. « T'as bouffé... ? — Non, j'ai pas d'pèze » (Carco).⇒PÈZE, subst. masc.Arg. et pop. Argent. Synon. fam. fric, arg. et pop. blé, flouze, galette, grisbi, pognon. Avoir, faire, gagner du pèze. «Veux-tu du pèze?» Cette fois, il ouvrit les yeux et se souleva: —«Quoi?» —«J'ai trois cent quarante balles là-dedans, les veux-tu?», fit-elle, en soulevant son petit sac (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1374). Je l'avais avant toi, hein!... Et puis on sait pourquoi tu la veux!... pour son pèze! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.55). Je vous déclare un pyjama, trois liquettes et ma trousse de toilette. C'est tout. —Et cette grosse valise (...) qu'est-ce qu'elle contient? —Du fric. —Vous dites? —Je dis qu'elle est pleine de pèze. Est-ce que ça se déclare? — Tout se déclare, Monsieur. Ouvrez-la (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.49).♦Être au pèze. Être riche, avoir beaucoup d'argent. Tu pourras payer la chambre? C'est parfait. Parce que, pour l'instant, je ne suis pas très au pèze (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.355).Prononc. et Orth.:[
]. Pèse ds ESN. 1966. Étymol. et Hist. 1813 pèse (ESN.); 1836 pèze (VIDOCQ, Voleurs, t.2, p.268); 1901 (être) au pèze «être riche» (ESN.); 1905 faire du pèze (BRUANT, Dict. fr.-arg., Suppl., p.463). Orig. incertaine; pour SAIN. (Arg., p.96) et (Sources t.2, p.148) suivi par DAUZAT et ROB., dér. de peser, en raison du poids de la monnaie; pour ESN., vient de l'occit. pese, peze «poids» (v. MISTRAL, ALIB.), empl. au coll. Fréq. abs. littér.:16. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p.96.
pèze [pɛz] n. m.❖♦ Fam. (d'abord argot). Argent. ⇒ Blé, fric. || J'ai pas d'pèze (→ Bouffer, cit. 2). || Faire du pèze : gagner de l'argent. — (1901). || Un type au pèze : un homme riche.1 « Toi, c'est dégoûtant, je t'ai aperçu devant l'Olympia avec deux cartons. C'est pour te faire donner du pèze. Voilà comme tu me trompes ». Heureusement pour celui à qui s'adressait cette phrase, il n'eut pas le temps de déclarer qu'il n'eût jamais accepté de « pèze » d'une femme, ce qui eût diminué l'excitation de M. de Charlus (…)Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p 825.2 (…) jusqu'au jour où elles rencontrent un vieux tout à fait au pèze, qui claque au bout de dix-huit mois en les collant sur son testament, ou en leur laissant des colliers, des bagues (…) de quoi vivre de ses rentes, dans un joli patelin de banlieue (…) ou dans le Midi (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XI, XXIV, p. 236.
Encyclopédie Universelle. 2012.